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Philippe et Bayrou, la mésentente cordiale

François Bayrou savoure le moment. Dix-huit mois après avoir dû quitter le gouvernement, le Béarnais de 67 ans est revenu au cœur du jeu. Comme il a été doux à ses oreilles ce discours d’Emmanuel Macron, mardi 27 novembre, dans lequel le président de la République a tenté d’apaiser la colère des « gilets jaunes ». Comme il a aimé entendre le chef de l’Etat reprendre à son compte certaines de ses analyses sur l’état du pays mais aussi les propositions pour sortir de la crise qu’il avait formulées cinq jours plus tôt dans Le Figaro.
« Ce que j’ai aimé, c’est que le président parle avec des mots de tous les jours », confie François Bayrou au Monde. Un brin cabotin, le maire de Pau et président du MoDem ajoute qu’il a particulièrement apprécié ce passage du discours présidentiel : « Les gens disent leur souffrance. On leur répond chèque énergie. Mais le chèque énergie, les gens ne savent pas ce que c’est. Et moi non plus ! »
Le « chèque énergie », c’est ce dispositif dont le chef du gouvernement Edouard Philippe avait justement annoncé la revalorisation sur France 2, le 18 novembre, en espérant calmer la grogne des « gilets jaunes ». François Bayrou s’en cache à peine : en égratignant ainsi le premier ministre, le président lui met du baume au cœur.
Si l’on en croit Le Canard enchaîné, cet entretien de François Bayrou au Figaro aurait d’ailleurs plus qu’agacé Edouard Philippe. « L’écho de ce qui se passe dans le pays doit être relayé y compris à l’intérieur de la majorité. (…) Si je suis cette voie, je ne crois pas que ce soit un moins mais un plus », a commenté l’ancien ministre sur Europe 1, vendredi. « La majorité, ce n’est pas un syndicat de défense du pouvoir. (…) On ne peut pas gouverner contre le peuple », a-t-il poursuivi.
Même s’il s’en défend publiquement, « Bayrou ne supporte pas que Philippe ait été nommé à Matignon, il voudrait être à sa place », décrypte un conseiller de l’exécutif.
Sans doute. Mais il n’y a pas que cette pomme de discorde entre ces deux hommes que tout oppose. François Bayrou a la colère sanguine tandis qu’Edouard Philippe peut se montrer glacial. Tout en rondeur, le premier aime séduire, quand la raideur du second rappelle souvent celle de son mentor, Alain Juppé. « Je me demande si Juppé n’est pas plus malléable que lui… », cingle un député centriste.
Par ailleurs, l’édile de Pau et l’ancien maire du Havre (Seine-Maritime) ne sont pas issus de la même sensibilité politique. « Le premier est plus social que le second, il est beaucoup plus près de l’électeur En marche ! que de l’électeur Juppé », juge un proche de l’Elysée.
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